lundi 31 août 2015

Juger moins, juger mieux


Quatrième et dernier volet de notre série juger moins juger mieux: nous avons vu comment mettre nos jugements à l’emporte pièce à notre service, penchons-nous à présent sur les moyens dont nous disposons pour développer la capacité à faire preuve de jugement, au sens de discernement. 
  


Jugement et discernement

 Nous avons tous le sentiment de savoir faire preuve de discernement, bien que nos certitudes soient plus souvent le fruit de nos préjugés que d’une conclusion solide suite à une étude approfondie du sujet. Rassurez-vous tout de même, quand je parle de juger moins, juger mieux, il ne s’agit pas de verser dans l’amour universel, béat et inconditionnel de 7 milliards de bipèdes, de tout ce qui les entoure et de tout ce qu’ils produisent. Nous conservons intact un droit au désaccord, à la mésestime, à l’antipathie sans lequel nous serions encore sous un régime médiéval.

Chaque sentiment, chaque opinion, chaque décision renferme un jugement, et tous ne sont pas néfastes ou à proscrire. Tout l’art de bien juger consiste à passer des jugements mesurés, à faire preuve de discernement, car vu comment nos convictions se forgent, mieux vaut les passer au tamis de quelques filtres bien choisis, qui seront autant de garde-fou avant de transmettre à autrui des informations fausses ou de s’appuyer dessus pour prendre des décisions qui risquent de ne pas être très solides.
Un jugement sûr est essentiel à nos vies professionnelles, autant pour distinguer une véritable opportunité d’un miroir aux alouettes, que pour se débarrasser des convictions limitantes qui rétrécissent notre champ d’action ou encore pour entretenir des relations sereines, car nous avons vu comment nos préjugés et nos jugements hâtifs et péremptoires nous rendent déplaisants et indignes de confiance.
  

Mini coaching: développer son jugement

 Nul besoind’un bac + 18 en philosophie pour développer son sens critique. La plupart de temps, faire preuve de discernement consiste à renouer avec le bon sens, dont notre société trop compliquée s’éloigne parfois. Voici quelques pistes:

1- Eviter la généralisation

Par nature abusive, la généralisation peut consister par exemple à transformer un comportement en identité : Tartempion a cassé un verre ? C’est un fieffé maladroit. En plus d’être fausses, ces dévalorisations sont nuisibles à la relation. Repérer ces généralisations et revenir à une description plus factuelle de la situation
(ici: “Tartempion a cassé un verre”. Il n’y a aucune conclusion à tirer de ce non-événement).

2- De la nuance !

Et il ne s’agit pas nécessairement d’être politiquement correct : nous avons le droit à nos opinions, et à les exprimer avec conviction, même si cela peut heurter certaines personnes. En revanche, la nuance est ici le contraire de péremptoire et permet d’accueillir une opinion différente. Il ne s’agit pas de la partager, mais bien d’accepter que nos convictions ne fassent pas l’unanimité. Par extension, la nuance autorise l’ouverture du débat. 


3- Observer davantage

Regarder le monde avec attention, c’est aussi une façon de mieux le comprendre, d’en repérer des détails qui nous avaient échappé jusqu’ici, et tout ce que nous incluons dans notre paysage interne vient le nourrir d’informations qui peuvent affiner nos perceptions et nos jugements.

4- Taire ses préjugés

Nous cherchons inconsciemment, mais avec une constance qui n’aurait pas déplu à Gauss, des preuves de ce que nous croyons déjà. Autant dire que nous sommes des monstres de préjugés immuables. Ils s’expriment sans cesse, autant dans les conversations anodines que dans les discours d’experts (donc ici aussi, vous m’avez suivie;)). Aussi lorsque nous sommes confrontés à la nouveauté, à la différence, remettre nos préjugés dans notre poche avec un mouchoir par dessus et s’intéresser à la place, avec une curiosité simple, est un bon moyen d’autoriser des informations contradictoires à remonter jusqu’à son radiateur à méninges, qui se chargera de faire le tri.


5- Questionner les conclusions hâtives

Deux trois éléments sous la dent et hop! Nous voilà tirant des conclusions que nous estimons éclairées, pour les mêmes raisons que dans item précédent. Apprendre à repérer ces conclusions, à les remettre en question, à les confronter à d’autres sources d’information si nécessaire (voir 8) pour s’assurer qu’il s’agit bien d’une conclusion en connaissance de cause.


6- Aller à la source de l’info

Les rumeurs et fausses informations naissent sans doute de la bêtise, parfois de la méchanceté, mais elles sont essentiellement colportées par des gens qui ont omis d’aller vérifier leurs sources. Pour éviter d’être une victime de l’intox qui va la propager à son tour:

7- Se faire le champion d’opinions que nous ne partageons pas

Cet exercice, je l’utilise beaucoup avec des élèves de prépa qui ont du mal à commenter des textes sur des problématiques sociétales. Il est tout simple: en endossant le rôle de champion d’idées qui ne sont pas les nôtres, nous devons trouver des arguments en faveur de ces idées, ce qui pousse à réfléchir en se mettant à la place de ceux qui partagent ces idées. Une gymnastique de l’esprit qui affute la réflexion – et aussi la capacité à argumenter – en variant les points de vue.


8- Multiplier les sources d’information

Trop souvent, en nous contentant d’une ou deux sources d’information, nous passons à côté d’éléments qui pourraient avoir un impact sur nos opinions et nos décisions. Il suffit de voir comment une même information peut être analysée et traitée de façon très différente par deux journaux pour s’en convaincre. Aller chercher des sources d’informations diverses permet une vision plus globale du problème et de se forger des opinions plus solides.


  • Et vous, comment vous y prenez-vous pour forger vos convictions?
  • Dans quelle mesure avez-vous tendance à tirer des conclusions hâtives?
  • A faire des généralisations abusives?
  • Dans quelle mesure remontez-vous à la source de l’information?
  • Dans quelle mesure multipliez-vous les sources d’information?
  • Comment allez-vous vous y prendre pour aiguiser votre jugement?
Par le blog Itaque coaching

jeudi 13 août 2015

Prenez une profonde inspiration et laissez faire


Comment rester détaché en toutes circonstances? 
Comment ne plus être influencé inconsciemment par ce qui se passe autour de vous, ne plus être pris dans les filets de l'attachement.




Toute la journée les occasions se présentent pour vous exercer.
Vous pouvez alors prendre conscience que quelque chose vous possède. A cet instant prenez une profonde inspiration... inspirez profondément, expirez profondément et observez à nouveau l'événement, la chose, la parole ou la personne qui vous gêne/possède. Pendant que vous expirez soyez observateur de vous même. Remarquez combien cette expiration est apaisante. 
L'action d'Expirer porte en elle-même le sens profond du "lâchez prise". 

Puis observez votre corps, au moment de l'inspire, remarquez combien tous vos muscles sont tendus vers le "retenir". Retenir l'air, s'en emparer, s'en approprier, le garder... Inspirer, contient le sens profond du "désir" et de l'"attachement".
Puis observez à nouveau vos muscles lorsque vous expirez. Le corps tout entier se détend, parce qu'il lâche, il abandonne, naturellement, vous laissez être, vous laissez les choses se faire, naturellement. Une part de notre véritablement nature de Bouddha s'exprime dans l'expiration. Alors tout en vous se détend.

Si vous pouvez réaliser cet état "d'être observateur" même pendant un court instant, vous ressentirez soudain que vous êtes seul (et pas solitaire), que rien ne peut vous influencer, rien ne peut créer en vous le désir et/ou l'attachement. 

Prenez une profonde respiration, expirez et laissez venir cette impression de délivrance à chaque fois que vous ressentez que quelque chose vous impressionne, vous influence, vous tire loin de vous-même, devient plus important que vous.
Et dans ce petit vide créé par l'expiration, regardez la chose; un beau visage, un beau corps, une belle construction, ou quoi que ce soit, simplement pour ce qu'elle est.

Si la simple expiration ne suffit pas à créer le vide, vous pouvez alors aller plus loin. A la fin de l'expire, faites une pose "restez en bas" comme je le propose à mes étudiants. N'inspirez pas tout de suite, sans pour autant mettre le corps en souffrance, restez autant que vous le pourrez en apnée, sans souffrance. 
Arrêtez-vous, devenez à nouveau observateur et vous remarquerez que tout s'arrête et/ou se calme. Le cœur bat plus lentement, les pensées se posent, le sang coule moins vite dans vos veines et artères. Un état de paix profonde s'installe en vous (Les plongeurs font inconsciemment cette expérience de l'"oubli de soi"). A cet instant vous n'êtes plus relié à l'extérieur; le pont est coupé, vous êtes connecté à vous-même.
La respiration est la voie du "lâcher-prise" et le chemin vers soi. Elle est aussi le pont entre l'intérieur et l'extérieur.
Quand quelque chose d'extérieur à vous vous possède coupez le pont.

Soudain vous sentirez que vous êtes puissant, que vous avez en vous le pouvoir de rester détaché. Et plus vous vous sentirez puissant, plus vous le deviendrez. Plus vous lâchez les choses qui vous possèdent et plus leur pouvoir sur vous devient inopérant.

L'individualité commence avec la prise de conscience du pouvoir de votre respiration, votre pouvoir.

Vous avez un centre dans lequel vous retirer. A n'importe quel moment, vous pouvez aller vers ce centre et le monde disparaît. A tout moment vous pouvez vous abriter dans votre propre centre et le monde est impuissant à vous nuire.

C'est cela "prendre refuge dans votre nature de Bouddha".

Bonne journée les amis
Sao